La crise que traverse la filière de l’aéronautique en France promet d’être longue. « Pas avant 2023 voire 2025 pour retrouver le niveau d’activité record de fin 2019 » selon la Direction Générale du Groupe. Avec cette chute d’activité inédite, la compétitivité du Groupe est mise à mal et des emplois pourraient être menacés en France.
Pour traverser les 12 à 18 premiers mois de la crise, la direction générale a décidé d’ouvrir une négociation sur un accord dit de « transformation d’activité ». Elle y voit comme enjeu et par ordre de priorité : le maintien de la compétitivité de Safran, la préservation de l’emploi et des compétences et l’anticipation de l’avenir avec une vision des compétences futures.
Les mesures négociées seraient applicables à l’ensemble des 45 000 salariés du Groupe en France jusqu’à la fin de l’année 2021.
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Une première réunion de négociation s’est tenue ce mercredi 13 mai 2020 par téléconférence, en raison des mesures sanitaires.
Après nous avoir brossé un tableau bien noir de la situation actuelle, la direction a précisé les thèmes qu’elle souhaitait aborder dans cette négociation. Et là, elle a fait feu de tous bords sur nos droits et avantages acquis : modération salariale, temps de travail, primes d’intéressement, de participation, les abondements de l’épargne salariale, la retraite supplémentaire des 20 800 ingénieurs et cadres, mobilités internes et externes… Dans le même temps, afin d’inciter les salariés à partir à la retraite, la direction est prête à négocier des mesures incitatives.
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« Pour FO, la priorité c’est les emplois et la fiche de paye »
Les négociateurs FO ont insisté sur l’importance de préserver nos emplois et de garantir l’avenir de notre outil industriel en France.
Avec l’ensemble des organisations syndicales, nous avons demandé à avoir une présentation de la situation économique et des perspectives de chacune des sociétés du Groupe avant de commencer à discuter de mesures de régressions.
Sur la compétitivité, la délégation FO a rappelé que c’est notre capacité à remporter des marchés par rapport à nos concurrents et que ça n’est pas que le « coût du travail ». Nous avons précisé que les mesures de financement de chômage partiel mises en œuvre par l’Etat, comme le report de charges, rendent les établissements de Safran en France compétitifs en conservant la main d’œuvre et en maintenant nos compétences et savoir-faire. Ceci alors que Safran licencie dans d’autres pays. De même en France pour FO, le système de formation fait partie des éléments qui rendent compétitifs nos établissements.
Nous avons également demandé à la direction générale de rapatrier en France la charge des zones « low-cost », afin de préserver notre compétitivité grâce aux volumes et l’emploi sur le territoire.
Concernant la modération salariale mise sur la table par la direction, l’équipe FO a indiqué y être fermement opposée car le pouvoir d’achat des salariés de Safran doit être préservé afin de relancer la croissance économique. « C’est ce qui permettra aux salariés de voyager et de reprendre l’avion et qui accélérera la reprise de la filière aéronautique » a mis en avant l’un des négociateurs FO.
Sur la prime de participation, FO a répondu qu’il s’agissait du partage des résultats au sein du Groupe et que « ça ne serait pas un bon signal envoyé aux salariés que de dire qu’en temps de crise, à Safran on ne partage plus ! ». De plus s’agissant des primes d’intéressements, négociées dans les sociétés, plusieurs accords intègrent des objectifs basés sur la ponctualité et la qualité des livraisons de nos produits. Livrer à l’heure des articles de qualité est un pilier de notre compétitivité et pour FO, ces objectifs sont partagés par les salariés et il faudra donc faire attention à ce qui sera fait sur l’intéressement du personnel.
Enfin la délégation FO a mis en avant que si des efforts devaient être faits pour traverser la crise, ils devaient être partagés par tous les acteurs : les mandataires sociaux (président du Conseil d’Administration et Directeur général), les hauts-dirigeants et nos actionnaires avec une « modération des dividendes ». Sur ce dernier point, le DRH du Groupe a tapé en touche prétextant que la rémunération des investisseurs était du ressort du Conseil d’Administration de Safran…
En face de chaque concession, nous devrons connaître les contreparties en nombre d’emplois préservés.
En tout état de cause, ça n’est pas aux salariés de payer la crise, et FO ne sera pas co-gestionnaire de Safran pour maintenir la marge du Groupe aux dépens des salariés.
Adhérents FO Safran : retrouvez dans vos boîtes mails le compte rendu complet de la réunion avec les échanges avec la direction générale !