Les élus du Comité Social et Economique (CSE) de l’établissement de Fougères étaient réunis ce vendredi après-midi avec à l’ordre du jour la consultation sur le projet de mise en place du dispositif d’activité partielle au sein de l’usine. Voici la déclaration lue en séance pour les élus et le représentant FO.
Monsieur le Directeur,
Nous vivons actuellement une période inédite et dramatique avec la propagation, jusqu’au sein même de notre usine, de la pandémie du coronavirus. A travers ces quelques mots, nous aimerions apporter tout notre soutien aux personnes touchées par ce virus ainsi qu’à leurs familles, nos pensées se tournent vers eux et les accompagnent en ces temps difficiles. Eu égard à cette situation particulière, des mesures exceptionnelles ont été́ prises par le Groupe Safran qui ont été appliqués aux sociétés et en particulier sur notre établissement.
Quel est le meilleur moyen de freiner et d’endiguer cette pandémie ? Conseil scientifique, experts de la santé, personnels médicaux et hospitaliers, soignants, pompiers, tous sont unanimes et exhortent à la mesure draconienne du confinement. « Restez chez vous, sauvez des vies » tel est le message que nous envoient chaque jour nos soignants, dévoués et mobilisés en première ligne dans des hôpitaux devant faire face à un afflux de patients sans précédent. Le confinement, ça n’est pas une option. Ceux qui le bravent ou incitent à le braver mettent en danger la vie des autres et se mettent en danger eux-mêmes.
Nous avons à FO également conscience que l’avenir de notre entreprise et plus largement de toute la filière aéronautique et défense est fragilisé. Mais nous considérons aussi qu’en ces circonstances, savoir prioriser la santé, c’est aussi protéger notre usine et son avenir à moyen et long terme. Activités liées à la souveraineté nationale ou à la continuité de l’activité de compagnies aériennes ou de la Sécurité Civile, il est parfaitement admissible que certaines fonctions de notre entreprise ne puissent pas s’arrêter, y compris en ce moment.
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Même si nous n’avons pas compris l’urgence de rouvrir l’usine dès lundi, nous saluons les efforts importants réalisés en fin de semaine dernière et pendant le week-end, par l’ensemble du management et des équipes mobilisées. Efforts nécessaires afin de programmer une reprise progressive et de mettre en œuvre les mesures sanitaires les plus adaptées : désinfection des locaux, présence de gel hydroalcoolique, d’indicateurs de distanciation sociale, fermeture des lieux de rassemblement, disponibilité de masques et affichage rappelant les gestes barrière pour éviter la propagation du virus. S’agissant du contrôle de température des salariés à l’entrée du site, nous ne sommes pas opposés à ce qu’il soit réalisé pour chaque salarié à condition que ces données personnelles ne soient ni collectées, ni enregistrées, ni traitées.
Les élus et représentants FO attirent l’attention sur le fait que les mesures de prévention mises en œuvre sont des mesures individuelles qui ne sont efficaces qu’à la condition que chacune et chacun les respectent scrupuleusement. Ce qui ne saurait être suffisant pour garantir une totale sécurité collective du personnel.
Par ailleurs, nous rappelons que la direction générale du groupe SAFRAN s’est engagée à ce que personne ne soit forcé à reprendre le travail étant donné l’anxiété du personnel face à la dangerosité de ce virus. Or plusieurs salariés de notre usine se sont sentis contraints de reprendre le travail cette semaine.
Ensuite, afin de répondre aux appels à l’aide de plusieurs centres médicaux et d’être solidaire vis-à-vis des personnels soignants et de l’ensemble du corps médical, les élus et représentant FO demandent aux directions d’établissement et générale, de rediriger tous les masques vers les Agences Régionales de Santé ou les hôpitaux les plus proches, sans attendre qu’ils soient réquisitionnés.
Dans ce contexte de catastrophe sanitaire et face à la vague d’épidémie qui nous est annoncée, les élus et représentant FO demandent que :
> La reprise du travail ne concerne que les activités strictement essentielles à la souveraineté de la France et à la continuité de l’entreprise (mise en sécurité de notre usine et de nos clients du fait de livraison de pièces de rechange MRO) ;
> L’arrêt total des activités du site où la configuration n’est pas adaptée et ne permet pas de travailler dans de bonnes conditions de sécurité́, notamment avec les distances sociales requises ;
> La rémunération soit maintenue à 100 % pour l’ensemble du personnel, qu’il soit présent sur site, en télétravail, en confinement au domicile, en forfait jour ou pas. Le covid-19 n’a que faire du statut des salariés !
> Qu’à chaque fois que cela est possible, les salariés soient en télétravail sans avoir à venir inutilement sur le site ;
> La reprise sur site soit faite autant que possible sur le volontariat et progressivement en fonction de la situation sanitaire pour permettre d’assurer des conditions de sécurité́ suffisantes pour les collègues ;
> Cette période d’activité partielle soit utilisée pour anticiper le plan de formation en « e-learning » et permettre ainsi aux salariés de se former (ce qui risque d’être plus compliqué lorsque l’activité aura repris tambour battant).
Comme en temps de « guerre » chacun doit faire des efforts, pour financer le versement de l’indemnité d’activité partielle équivalente à 100 % de nos rémunérations, nous avons demandé à la Direction Générale du Groupe SAFRAN que le Conseil d’Administration renonce à verser à nos actionnaires en mai prochain le montant d’un milliard d’euros de dividendes. FO est donc satisfaite de la décision du Conseil d’Administration d’hier soir d’annuler la proposition de versement du dividende.
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Pour FO, notre exigence ne souffre d’aucune ambiguïté : sauver les vies humaines implique de faire passer la vie des personnes avant l’économie.
Plus vite ce virus sera enrayé, plus vite nous relancerons tous ensemble nos activités.
Considérant que le projet présenté de mise en activité partielle expose encore beaucoup trop de salariés au risque d’être contaminés, qu’il met en danger leurs vies ainsi que celles de leurs proches, et qu’il maintient des inégalités de protection et de rémunération, nous remettons un AVIS DÉFAVORABLE.
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