Orientations stratégiques : « Investir dans les salariés est une véritable stratégie de robustesse ! »Imprimer

comité CSEC

À l’occasion de la consultation du CSE Central sur les orientations stratégiques de SED, les élus et représentants FO ont souhaité rappeler les enjeux majeurs qui se jouent pour l’avenir de notre entreprise et de ses salariés. Dans un contexte de croissance annoncée, d’internationalisation accélérée et de mutations profondes de notre secteur, FO porte une voix responsable mais exigeante : soutenir les ambitions industrielles de SED tout en défendant la souveraineté, les savoir-faire et les conditions de travail des salariés. Vous trouverez ci-dessous l’intégralité de la déclaration lue en séance.

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Les membres du CSE Central sont consultés ce jour sur les orientations stratégiques de SED présentées le 14 novembre 2025.

1. Ambitions industrielles : un cap positif qui nécessite des moyens insuffisants

FO  se réjouit des ambitions de conquêtes des marchés internationaux, du changement d’échelle de notre entreprise, ainsi que de l’optique de diversification des produits. La réussite de SED sur le marché du futur avion monocouloir NSA est essentielle pour les salariés. Avec ces objectifs, SED vise ainsi plus du doublement de son chiffre d’affaires d’ici 2030. Néanmoins, cela ne semble pas aller de pair avec un doublement des effectifs, si l’on constate l’augmentation prévisionnelles des effectifs inférieure à 3 % entre 2027 et 2029. FO rappelle donc que le chiffre d’affaires de la société dépend principalement de sa capacité à produire, et que cette capacité à produire dépend principalement de ses effectifs de production, de recherche et développement mais aussi de ses personnels transverses !

2. Internationalisation : opportunités, risques et exigences de garanties

Concernant la stratégie d’internationalisation de SED, FO comprend le besoin d’ouvrir de nouvelles usines extérieures à la France pour pouvoir rentrer dans des marchés étrangers. Ces futures implantations nous sont présentées comme ne délocalisant pas d’emplois mais comme apportant des capacités supplémentaires. Mais si ces choix d’expansion nous sont imposés par nos Clients. FO rappelle que ce sont des décennies de savoir-faire, de recherche, d’innovations de développements et d’expérimentations financées le plus souvent par la France qui sont transférées à moindres frais aux pays émergents. Nous demandons des engagements clairs sur la protection de nos savoir-faire et des compétences les plus sensibles afin de garantir notre souveraineté, notre robustesse et la pérennité de notre industrie en France. Nous restons aussi vigilants à ce qu’il n’y ait pas de mise en concurrence future entre les sites de SED afin que ces transferts de savoir-faire ne se retournent pas plus tard contre les salariés.

3. Au-delà du “cost-to-win” : défendre une compétitivité durable

Nous alertons aussi sur un raisonnement reposant exclusivement sur le « cost-to-win » (produire des calculateurs au bon coût pour gagner l’appel d’offre). La compétitivité ne peut pas se réduire au seul coût du travail. D’autres éléments sont indispensables : la qualité, la capacité à livrer à l’heure, la maîtrise des procédés ou encore la souveraineté industrielle. Bien que la France accueille au moins 70 % des effectifs jusqu’en 2029, FO restera vigilante sur les vitesses de croissance relative des effectifs étrangers dans le long terme et sur la capacité de SED à garder ses propriétés intellectuelles et la maitrise de ses produits. Un autre levier, jamais évoqué, de notre capacité à remporter des marchés réside dans nos prix de vente. Pour FO, s’il y a le moindre risque de perdre des marchés à forts enjeux industriels, nos investisseurs doivent savoir accepter de réduire leurs rémunérations afin de baisser nos marges et gagner les contrats qui assurent nos emplois futurs !

4. Investissements et créations d’emplois en France : une dynamique à saluer

Par ailleurs, nous nous félicitons des investissements industriels en cours et à venir sur notre territoire, tout comme des créations d’emploi envisagées aussi bien en production avec plus de 500 nouveaux emplois d’ici 2029, dans notre R&D française avec plus de 300 emplois, au sein des fonctions support avec 230 nouveaux emplois et dans la relation clients avec plus de 160 créations d’emplois prévues.

5. Innovation et ingénierie : attention aux réductions de moyens

S’agissant de la stratégie d’innovation et d’ingénierie, nous demandons également des garanties à ce que le plan de compétitivité Scale Up 2030, qui comprend une économie de 7 M€ par rapport au budget 2025 puis une coupe continue de -1 % chaque année, ne se traduise pas par une réduction de moyens. Car quand on a moins de moyens, on fait aussi de la moins bonne recherche…

6. Un environnement mondial instable qui exige de la robustesse

Notre entreprise évolue dans un monde turbulent : réchauffement climatique avec l’impérieuse nécessité de réduire nos émissions carbone pour la survie de l’aviation civile, volonté de certains de nos Clients d’accroître la concurrence, taxation des flux de marchandises avec les Etats-Unis, relations de client avec la Chine tout en cherchant à s’y désensibiliser pour nos matières premières, tensions géopolitiques en Inde, ou encore arrivée rapide de nouveaux concurrents sur la défense, etc. Pour FO, au-delà de la recherche maximale de performance et des stratégies d’optimisation successives (plan de réduction des coûts, internationalisation en zone low-cost, réorganisation interne de quasi tout SED), il est essentiel de ne pas fragiliser l’entreprise et d’œuvrer à sa robustesse. Investir dans les salariés est une véritable stratégie de robustesse !

7. Investir dans les salariés : la première garantie de performance

A ce titre, FO réaffirme sa demande de reconnaissance des salariés avec une redistribution juste et sur la durée des bénéfices engendrés. Cela passe aussi et avant tout par garantir la santé des salariés au travail. A ce sujet, nous réaffirmons notre revendication d’attribuer la Contrepartie Obligatoire de Repos prévue par la convention collective nationale de la métallurgie pour toutes celles et ceux qui donnent le plus en acceptant de dépasser à nouveau le contingent des 220 heures supplémentaires. De même plusieurs collègues enchaînent les déplacements répétitifs et sur la durée au service des livraisons de nos Clients, nous demandons l’ouverture d’une négociation sur une prime de déplacements et d’éloignement.

8. Transmettre les savoir-faire : un enjeu vital pour l’avenir

Par ailleurs, la formation avec le développement des compétences est cruciale pour notre entreprise à la pointe de l’innovation technologique. Au regard de la pyramide des âges et des départs à venir, FO demande la mise en place d’une véritable politique de transmission des savoirs et savoir-faire des collègues partant à la retraite ou démissionnaires et un parcours de formation sur les produits, marchés et technologies de SED à tous les nouveaux arrivants.

Enfin FO aurait souhaité voir apparaître au-delà du volet RH les volets DOI (Direction des Opérations Industrielles) et DT (Direction Technique), afin d’avoir une vision plus complète sur comment l’industrialisation et l’innovation s’inscrivent au service des orientations stratégiques.

10. Conclusion : un avis favorable mais vigilant

Pour conclure, après analyse de l’orientation à long terme fixée et de l’allocation des ressources prévues pour les atteindre, la délégation FO remet à un avis favorable aux orientations stratégiques présentées, avec les réserves et points d’alerte mentionnés précédemment.

Le 19 novembre 2025
Les élus et les représentants FO au CSEC

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